C’est tout un système de « petits arrangements » et de chantage que la commission de lutte contre la corruption dénonce et entend détruire en faisant un exemple à travers U San Maung Oo. Cet ancien attaché économique de Birmanie en Thaïlande – entre décembre 2017 et août 2019 - a été mis formellement en examen la semaine dernière, avec une plainte déposée contre lui au poste de police de Dagon Nord. Il lui est reproché d’avoir racketté 28 sociétés de placement de salariés, 12 birmanes et 16 étrangères, en ralentissant les dossiers administratifs qu’il supervisait lorsque les sociétés de placement ne payaient pas.
L’attaché économique est un poste clef dans tous les pays où les émigrés birmans sont nombreux, comme la Malaisie, Singapour, la Corée du Sud ou donc la Thaïlande, pays où l’Organisation internationale du travail estime à trois millions le nombre de travailleurs birmans officiels.
Outre les pots de vin qu’ils exigeaient des sociétés de placement, U San Maung Oo et deux de ses subordonnés, U Than Htike Soe et U Saw Pyae Nyein, réclamaient 100 bahts (environ 3 euros) pour chaque employé birman dont ils signaient le dossier : à environ 20 000 dossiers par mois, la somme est vite devenue rondelette ! C’est ainsi que selon l’enquête de la commission anti-corruption birmane – enquête reposant sur des entretiens avec des sociétés de placements, l’analyse de comptes bancaires en Birmanie et en Thaïlande, la saisie et la consultation de documents officiels… - les trois hommes sont parvenus à extorquer environ 130 000 euros. Ils sont aujourd’hui poursuivis selon l’article 46 de la loi contre la corruption. Il n’est pas clair s’ils ont été arrêtés ou s’ils sont en fuite.