Ce n'est pas le chiffre dont les députés birmans seront le plus fiers mais c'est celui que l'organisation birmane de défense de la liberté de pensée et d'expression Athan a décidé de mettre en avant : durant les 45 premiers mois de la mandature, 30 personnes ont été poursuivies par des parlementaires pour de simples critiques ou désaccords. Le type et le mode des poursuites varie. Dans certains cas, ce sont les députés eux-mêmes qui portent plainte, dans d'autre cas, ce sont leurs conjoints afin de ne pas apparaître de trop en première ligne. Sur les articles de loi invoqués, là encore l'imagination est au pouvoir : cela va du fameux 66(d) de la loi sur les télécommunications aux codes criminels punissant la diffamation à l'usage de la loi sur la vie privée et la sécurité. Dans tous les cas, estime Athan, ce sont de simples critiques ou désaccords que les élus cherchent à sanctionner, pas des faits normalement répréhensibles par la loi dans un état de droit normal. La Birmanie compte six lois susceptibles d'être utilisées pour lutter contre la diffamation et elles relèvent toutes du crime, aucune du délit. Il est à noter que la manière de faire de ces députés – onze au total, dont la majorité de la Ligue nationale pour la démocratie au pouvoir sans que cela leur ait valu la moindre action de leur parti – ressemble à s'y méprendre à celle tant décriée de certains militaires pour museler toute contradiction.
Députés et militaires parfois sur la même ligne contre la critique
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