À l’occasion de sa place de finaliste aux Trophées des Français de l’étranger dans la catégorie Culture/Art de Vivre, Benoit Bail-Danel revient sur son parcours et sur la création de l’Agricole Tour.
Une passion qui se professionnalise progressivement
Benoit Bail-Danel naît au Luxembourg, dans un petit village de quelques milliers d’habitants proche de la frontière belge. Il obtient d’ailleurs son bac en Belgique après plusieurs années d’internat et décide de commencer à travailler rapidement. Il crée ensuite une émission de radio, poussé par son intérêt personnel pour la musique quand lui vient l’idée de devenir manager d’artistes. Il s’envole alors pour Paris en 2010 afin de suivre une formation dédiée et revient s’installer au Luxembourg.
En parallèle de son travail, Benoit Bail-Danel commence à s’intéresser au rhum et à l’histoire des spiritueux. Ses voyages aux Antilles françaises quand il était petit, ont en effet laissé des souvenirs impérissables au garçon qu’il était. En grandissant, Benoit Bail-Danel continue les allers-retours et tombe sous le charme des îles et de leurs distilleries, si bien qu’il va amorcer un virage professionnel.
En 2013, il cherche un moyen de s’engager dans cette voie qu’il apprend à découvrir chaque jour davantage. Impossible de monter une distillerie au Luxembourg et pourtant l’envie d’avoir son propre rhum monte en lui. Avec un temps d’avance sur les tendances actuelles, il décide alors de créer « Zwazo liqueur des îles », une marque de rhum arrangé, la première au Luxembourg. La marque se développe pour être vendue au Luxembourg, en France et en Belgique. Par ailleurs, inspiré par ce qui se fait aux États-Unis, Benoit Bail-Danel créé « La Confrérie du Rhum », une page Facebook pour échanger entre amateurs de rhum.
Bientôt, la page Facebook prend de l’ampleur, pour atteindre aujourd’hui près de 50 000 membres et en faire ainsi la plus importante du genre. Ce succès rapide, couplé aux opportunités qu’offrent les réseaux sociaux, ouvre de nouvelles perspectives à Benoit Bail-Danel. Il se fait ainsi repérer par des marques et fait évoluer progressivement son activité vers du conseil en représentation pour différentes enseignes. Cette nouvelle voie professionnelle prend sérieusement forme pour Benoit Bail-Danel qui représente des marques de rhum sur des salons internationaux. Cette visibilité lui sert encore aujourd’hui, notamment pour le côté Brand Ambassador qu’il a pu développer avec des marques comme Rhum Depaz.
L’Agricole Tour ou comment promouvoir un savoir-faire
Si 2013 est un tournant, c’est en 2016 que Benoit Bail-Danel marque le coup en quittant son ancien métier ainsi que son pays natal pour s’installer à Berlin.
Après le succès rapide qu’il connait, Benoit Bail-Danel décide de joindre ses projets à son amour des îles pour fonder l’Agricole Tour en 2016 avec Jerry Gitany. L’objectif est simple : faire la promotion des rhums agricoles des Antilles françaises à travers le monde. Les spécificités des rhums agricoles sont parfois peu connues et le duo veut pouvoir partager et exporter ce savoir-faire à l’échelle internationale.
« C’est un terroir dont on est fier. La Martinique, la Guadeloupe ou la Guyane ont des terroirs bien spécifiques avec des faunes et des flores différentes » explique-t-il. Pour présenter au mieux toutes ces différences, il va avoir l’idée avec Jerry Gitany, de lancer l’Agricole Tour. Plutôt que d’aller représenter une marque sur un salon, les deux créateurs du projet, décident d’ouvrir un stand plus grand et de se faire la vitrine de plusieurs marques sur les salons internationaux.
Pour Benoit Bail-Danel, il s’agit de défendre « une spécificité typiquement française, même si elle est copiée ». « La plupart des rhums sont faits à partir de mélasse alors que ceux des îles sont faits directement avec la canne à sucre » ajoute-t-il. La mélasse est une mixture qui reste lors du processus de raffinage du sucre car tout ne peut être cristallisé. Il s’agit donc d’une substance achetée directement à l’industrie sucrière après une première transformation.
Benoit Bail-Danel défend quant à lui les rhums des Antilles et leur histoire. « Il y a 200 ans dans les îles, on a préféré planter de la canne pour faire du rhum avec le jus de canne à sucre directement. Elles sont traitées comme des vignes. Il y a donc beaucoup plus de traçabilité et de marge de manœuvre dans la fabrication parce qu’il y a plus de variétés de canne et donc des goûts bien différents. » Dans ces rhums comme des vins, on retrouve donc les saveurs d’une terre chargée du parfum de la faune et de la flore environnante.
Impossible donc pour Benoit Bail-Danel de dire quel est son rhum préféré. « Je n’ai pas vraiment de rhum préféré, ça dépend d’où je suis, avec qui je suis, de l’heure qu’il est… ». Il préfère parler de goût ou de parfums. « Il y a des saveurs liées au pays, par exemple à la Barbade ils sont généralement chargés d’un parfum de noix de coco ». « Aux Antilles les jeunes rhums agricoles ont le goût de la canne à sucre, un goût très végétal et plus ils vieillissent plus on retrouve une saveur de pruneau » décrit-il.
Grâce à ce projet, il fait partie des 5 finalistes dans la catégorie Culture/Art de vivre des Trophées des Français de l’étranger, organisé par Lepetitjournal.com. Mais comme avec les rhums, Benoit Bail-Danel ne peut choisir une activité en particulier et mène de front plusieurs projets depuis Berlin.
Berlin, l’histoire d’un coup de tête
Benoit Bail-Danel découvre Berlin en 2014 à l’occasion d’un salon et comme avec les îles, il est attiré par l’atmosphère qui règne sur la ville. Deux ans plus tard, en 2016, il vient s’installer sur un coup de tête, « j’ai lâché tout ce que j’avais au Luxembourg » se souvient-il.
Parfait mélange de rigueur et de liberté qui y règne l’a séduit tout de suite. « La première fois que je suis arrivé je me suis fait engueuler quand j’ai traversé au feu rouge et j’ai plutôt apprécié finalement parce que je suis un amoureux de rigueur ». La ville est simple à vivre et « il y a beaucoup moins de jugements » que dans d’autres endroits dans lesquels il a pu vivre.
Il s’épanouit désormais pleinement dans la capitale allemande, « Berlin c’est la maison même si je voyage beaucoup ». Benoit Bail-Danel mène en effet plusieurs projets en parallèle avec plusieurs structures.
Il travaille ainsi pour la société de distribution Spirit of Rum implantée à Berlin et pour laquelle il officie notamment pour l’embouteillage de fûts sélectionnés au préalable et vendus ensuite sous une marque de la maison, « Rum Club Private Selection ».
Par ailleurs, il travaille pour la plus grande cave à rhums de Berlin, le Rum Depot. Dans ce cadre, il co-anime « Monday Rumday – Unfiltered », une émission diffusée en direct sur Facebook et YouTube tous les lundis. Il est également possible de croiser Benoit Bail-Danel dans la boutique du Rum Depot, dans laquelle il conseille parfois les clients.
En janvier 2020, Benoit Bail-Danel s’est lancé dans une aventure nouvelle, celle du podcast « Le Single Cast ». Premier podcast francophone dédié au rhum, « Le Single Cast » regroupe Laurent Cuvier, Christine Lambert, Roger Caroni, Jerry Gitany pour « parler de rhum sans gueule de bois ».
Enfin, il organise le plus important festival de province dédié au rhum avec le Bordeaux Rhum Festival les 25 et 26 juin 2022. L’occasion de découvrir, dans la ville du vin, des rhums du monde dont certains se rapprochent dans leur fabrication de la gestion d’un vignoble.
Benoit Bail-Danel a donc plusieurs cordes à son arc et ne manque pas de projets pour s’épanouir pleinement dans cette passion devenue un métier. Podcast, YouTube, salons, ou encore au Rum Depot de Berlin, il est possible de découvrir Benoit Bail-Danel et l’univers du rhum par plusieurs biais, digitaux ou pas.
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