À l’occasion de la sortie du 127ème numéro de la revue IRIS portant sur les relations franco-allemandes, l’Institut a organisé une conférence intitulée « Repenser la relation franco-allemande ? » en présence notamment de l’ambassadeur d’Allemagne en France Hans-Dieter Lucas.
À la base du projet européen, la relation franco-allemande a connu de nombreuses évolutions. De la fin de la Seconde Guerre mondiale au discours d'Olaf Scholz à Prague le 29 août dernier, en passant par le Traité de l'Elysée et les accords économiques durant la crise du Covid-19, ces deux pays ont dynamisé l’Union européenne tout en s’opposant sur un grand nombre de sujets. Afin de réfléchir sur cette relation si particulière, l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques a convié plusieurs invités : en plus de l’ambassadeur Hans-Dieter Lucas, Claire Desmesmay, chercheure associée au Centre Marc Bloch de Berlin, cheffe du bureau Formation interculturelle à l’OFAJ, Brigitte Lestrade, Professeure émérite de civilisation allemande contemporaine à CY Cergy Paris Université et Hélène Miard-Delacroix, Professeure d’histoire et de civilisation de l’Allemagne contemporaine à Sorbonne Université étaient présentes.
Après un mot d'introduction du directeur de l’observatoire allemand de l’IRIS, Jacques-Pierre Gougeon, les débats ont commencé. Au cœur des échanges, notamment, la question de la souveraineté européenne et sa signification des deux cotés du Rhin. Alors que la guerre en Ukraine a relancé la question de la défense européenne et que Scholz a annoncé vouloir faire de l’Allemagne la première armée d’Europe, la question d’une capacité d’action militaire propre à l'Union européenne se pose. Les différents invités sont alors revenus sur le discours de Scholz à Prague et l’absence de mention de la France, ou même de réponse directe au discours d’Emmanuel Macron à Aix-La-Chapelle. Les invités ont cependant souligné la réponse « par les actes » à l’invitation du président français, d'abord avec l’accord sur l’endettement commun, puis la mobilisation du terme souveraineté par Berlin.
La culture du compromis - Claire Desmesmay
L’Ambassadeur Lucas a qualifié par la suite la période d’instabilité actuelle comme "un moment stratégique", auquel le tandem franco-allemand va devoir trouver une réponse. Par le passé, le duo a su se mettre d’accord afin d’assurer la pérennité des deux pays, mais également de l’Europe, à l’image du plan de relance covid sur une initiative franco-allemande. Face à l’augmentation des violations du droit international, à la menace directe à la sécurité de l’Europe et au risque du changement climatique, l'Union européenne doit trouver des solutions. Et comme le rappelle le représentant de l’Etat allemand en France, toute avancée au sein de l’Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a toujours reposé sur un accord franco-allemand. Claire Desmesmay l’a dit durant les échanges, il existe une "culture du compromis" entre les deux pays, qu’il convient de faire fonctionner aujourd’hui.
Alors que Scholz est sous le feu des critiques de Bruxelles pour son comportement solitaire depuis le début de la crise énergétique, les débats ont rappelé la nécessité de trouver un consensus pour protéger l’économie européenne contre l’explosion des coûts de l’énergie. Plus globalement, on retire des échanges que l'Union européenne doit rester unie afin de préserver son économie et sa souveraineté, malgré les oppositions entre la France et l'Allemagne. Une conclusion qui pousse à prendre du recul dans le contexte actuel, alors que Berlin et Paris viennent d’annuler leur rencontre bisannuelle entre les ministres français et allemands à la veille d’une réunion cruciale entre les 27.
Retrouvez plus d'informations sur le site de l'IRIS ici.
Pour recevoir gratuitement notre newsletter du lundi au vendredi, inscrivez-vous !