Le 7 mars 2023, plusieurs élus du SPD ont fait paraître une note dans laquelle ils se prononcent en faveur de condamnations à perpétuité pour les auteurs de féminicides.
À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, plusieurs élus de l’aile droite du parti social-démocrate se sont prononcés pour des peines plus sévères en cas de féminicide. Ils souhaitent ainsi que l'homicide d'une femme en raison de son genre soit reconnu comme circonstance aggravante. En Allemagne, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint.
Les féminicides doivent être jugés comme des assassinats
La principale revendication de ces élus tient au fait que les féminicides ne soient plus jugés comme des meurtres, mais comme des assassinats. Le Code pénal allemand différencie en effet ces deux crimes, faisant de l’assassinat le seul acte, qui, en droit allemand, est puni par la réclusion à perpétuité. Pour qu'un acte soit qualifié d’assassinat, les juges allemands doivent alors reconnaître des facteurs aggravants.
Dans leur note, on peut ainsi lire que "les motifs liés au sexe doivent être clairement nommés et, par la loi, alourdir les peines". Jusqu’alors, dans les cas de féminicide sur une ex-conjointe, les tribunaux allemands avaient tendance à prononcer des peines plus légères pour les prévenus, en prenant en compte leur état émotionnel difficile comme circonstance atténuante.
Les sociaux-démocrates souhaitent ainsi que la question des inégalités de genre entre pleinement en considération lors d’un jugement pour féminicide. Si une femme est tuée car elle est une femme, alors cela devra être reconnu comme un facteur aggravant. Pour Carmen Wegge, députée SPD au Bundestag et signataire de la note, les féminicides sont "motivés par une envie de possession patriarcale", ce qui "viole le principe d’égalité des sexes".
Des chiffres inquiétants
Une femme meurt tous les trois jours d'un féminicide en Allemagne, ce qui en fait l’un des pays avec le taux de féminicides le plus élevé en Europe, selon les rapports de l’Office fédéral de police criminelle. La situation s’est même empirée avec la pandémie et les confinements, avec une augmentation des homicides conjugaux. En 2021, 134 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, un chiffre en hausse depuis plusieurs années.
En réalité, on estime même que le taux d’homicides envers les femmes est encore plus élevé. En effet, les chiffres de l’Office fédéral reprennent directement les données enregistrées par la police, qui pourraient classer certains féminicides dans d’autres catégories. Certains homicides conjugaux ne seraient donc pas comptabilisés comme féminicides dans les chiffres finaux.
En 2021, lors de la publication du rapport 2020 de l’Office fédéral, Christine Lambrecht, alors Ministre fédérale de la Famille, dénonçait le fait que la presse et les médias utilisaient souvent les termes de "drame familial" ou de "crime passionnel" pour traiter des féminicides. Elle expliquait ainsi que "lorsqu’un conjoint, un ex-conjoint tue une femme ou des enfants, ce n’est rien d’autre qu’un délit de violence, et il doit être qualifié comme tel."
Lors de la publication de la note des élus SPD le 7 mars 2023, Boris Weirauch, porte-parole du groupe du SPD au parlement du Bade-Wurtemberg, a estimé que l’Allemagne avait un "problème structurel" dans sa manière d’adresser les violences faites aux femmes.
Il semble donc important d'effectuer des changements dans la manière dont sont traités les féminicides en Allemagne, que ce soit au niveau juridique, des médias, ou même au niveau législatif. Ainsi, la coalition gouvernementale prépare un projet de loi pour une meilleure reconnaissance des féminicides et pour mener plus d'actions face aux violences faites aux femmes.
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