De New-York à Berlin, rencontre avec le groupe The Trouble Notes

Berlin a cette image de capitale culturelle où tout est possible pour les artistes. Dans cette série, Le Petit Journal part à la rencontre de musiciens qui contribuent à l'énergie musicale de la ville. Cette semaine, Bennet, fondateur du groupe The Trouble Notes, nous raconte leur parcours, leurs influences et leur expérience berlinoise.

 

 The Trouble Notes, dont le nom fait référence à l'expression anglaise "You're trouble" ainsi qu'à un jeu de mots avec "Treble notes" (les notes aiguës, jouées ici par le violon), commencent leur aventure en 2012, à New York. 

 

 Le voyage : un carburant créatif 

Bennet laisse derrière lui une vie professionnelle à Wall Street peu épanouissante pour poursuivre sa passion de la musique et du voyage, armé de son violon et de sa soif d’aventures. Sans regret. “Lose your ties”, titre phare de l’album éponyme, invite à jeter sa cravate et larguer les amarres, et pourrait être la bande originale d’un film sur la découverte de soi par le biais de l’exploration du monde et des rencontres, thématiques que l’on retrouve en filigrane dans toutes les créations du groupe. 

 

 

La musique des Trouble Notes ne se range pas facilement dans une case : c’est une fusion de plusieurs genres, entre la musique folklorique traditionnelle, la musique classique moderne et la musique tribale. "Les ponts musicaux que nous construisons entre les genres permettent à l'auditeur de voyager sans quitter physiquement la pièce." Un mélange parfois osé, dont le résultat est, toujours, une invitation au voyage, qu’il soit physique ou mental. Chaque morceau a pour vocation d'inspirer, de créer des images et des pensées pour rendre le monde encore plus beau.

 

Les ponts musicaux que nous construisons entre les genres permettent à l'auditeur de voyager sans quitter physiquement la pièce.

Lors de nos échanges, Bennet revient souvent sur les thèmes du voyage et de l’exploration qui lui tiennent particulièrement à coeur : la rencontre de l’autre, qu’il s’agisse d’individus ou de communautés, la découverte d’autres cultures,  d’autres perspectives, l’ouverture d’esprit et la richesse que tout cela procure. Grâce à sa musique, et aux relations intimes qu’elle a permis de nouer, le groupe a pu réellement découvrir les cultures locales de la meilleure façon qui soit : au travers des yeux des habitants. Et toutes ces expériences sont un carburant essentiel pour leur créativité. Ce n'est pas pour rien qu’ils pensent que le meilleur contexte pour écouter leur musique, c’est en voyageant !

 

 

"Liberty Awaits" : un deuxième album déjà bien attendu

Au-delà des genres et des influences, ce qui caractérise The Trouble Notes, c’est une incroyable énergie musicale et scénique. Et quand on parle de scène, on parle aussi de la rue, où le groupe joue régulièrement, provoquant des attroupements, faisant danser petits et grands, avec une joie décomplexée. Une vidéo de leur morceau "Grand Masquerade" sur le parvis de la cathédrale de Strasbourg a totalisé près de 40 millions de vues et contribué à créer cette communauté qu’ils considèrent comme leur plus bel accomplissement à date.  Une communauté qui leur a témoigné son soutien indéfectible tout au long de la dernière décennie, ce qu’ils chérissent tout particulièrement, conscients de leur chance.

 

Après “Lose your ties” et ses morceaux rapides, aux rythmes explosifs et aux mélodies dynamiques, leur deuxième album, qui sort le 28 avril 2023, est le reflet d’une certaine maturité musicale. La puissance et l’énergie sont toujours là, mais plus subtiles, avec des compositions plus nuancées et raffinées. Cet album a vu le jour lors d’une résidence en Belgique, où le groupe a pu créer sans pression extérieure pendant six semaines, et ainsi explorer et faire aboutir les idées qu'ils avaient jusqu’ici gardées dans un coin de leurs têtes. L’occasion aussi pour eux de se remémorer toutes les rencontres faites pendant leurs tournées et voyages de ces dernières années et de les transformer en 11 mélodies qu’ils qualifient de “spéciales”. 

 

 

 

L'influence de Berlin dans leur musique

“Berlin présente des avantages considérables pour un musicien. Par nature, c'est une ville internationale en plein essor, et on y croise beaucoup de gens extrêmement talentueux. L'influence et l'inspiration foisonnent.” A force de s’entendre dire qu’ils devraient aller à Berlin, c’est ce qu’ils ont fait à l’automne 2013. Et en effet, ils ont immédiatement senti que c'était un endroit où ils pouvaient laisser libre cours à leur créativité.

 

La scène musicale était très dynamique à l'époque, et leur a offert de nombreuses opportunités de jouer. L’influence de la ville est palpable dans leur premier album “Lose your ties”, avec des sons plus modernes, directement inspirés par les clubs berlinois. Ils ont aussi trouvé ici une communauté de musiciens prêts à s’entraider, à partager réseaux et idées, ce qui les a fait grandir musicalement et humainement. Si le groupe voyage beaucoup avec des tournées dans toute l’Europe, Berlin est leur port d’attache et une source d'inspiration et d'innovation majeure. 

 

L’histoire du groupe est étroitement liée à la ville et plus particulièrement à quelques endroits emblématiques. Boxi (Boxhagener Platz) qui est un peu leur centre de gravité, où ils ont tout fait : écrire des chansons, donner des concerts improvisés en plein air, retrouver leurs amis ou même prendre quelques minutes en solo pour se détendre ; Rummelsburger See, ou des péniches où vivent leurs amis près de Treptower park, avec des souvenirs de barbecue et encore de musique, évidemment. Et le Lido, lieu de leur premier “vrai” concert, où ils ont joué plusieurs fois ensuite.

 

 

Si la ville est un terreau fertile pour la créativité, une scène musicale dynamique avec de multiples sources d’inspiration, il y a aussi un revers de la médaille : on pourrait presque parler de saturation artistique. “Avoir autant de personnes créatives dans une même ville est à la fois une bénédiction et une malédiction.” Certes, les milliers d'événements chaque jour poussent les artistes à donner le meilleur d’eux-mêmes, mais la sur-stimulation du public peut également être frustrante : les nombreux concerts d’artistes déjà au sommet imposent aux artistes locaux - n’ayant pas encore émergé - de travailler deux fois plus dur. Gagner sa vie en tant que musicien à Berlin est difficile, la plupart des artistes doivent se produire ailleurs pour pouvoir vivre de leur musique.

 

Avoir autant de personnes créatives dans une même ville est à la fois une bénédiction et une malédiction.

Pour autant, une fois qu’on a trouvé son public à Berlin, il est là et bien là, soutient, participe. L'ouverture d’esprit et la diversité de la ville se reflètent dans le public. Berlin est une des rares villes où des gens de tous horizons se retrouvent pour danser ensemble, sans peur du jugement, cela a même un effet presque cathartique. Et le public berlinois est définitivement la raison principale qui a ancré le groupe ici ! 

 

Ça, et les autres artistes dont ils ont croisé le chemin, avec qui ils ont collaborés ou qu’ils apprécient tout simplement, et qu’ils nous invitent à découvrir, comme Level Spaces, piliers de la scène de la musique de rue, au son électro-rock psychédélique instrumental, Daiana Lou, groupe de rock d’origine italienne installé à Berlin, ou encore Dean is Home, Scott and Lila et Sissos.

 

Pour découvrir l’univers musical des Trouble Notes, nous vous invitons à visiter leur chaîne Youtube, Spotify et leur site officiel. Vous pouvez aussi les soutenir via leur patreon.   

 

Et si vous voulez les voir en concert, rendez-vous le 24 Mai au Luftschloss Tempelhofer Feld pour un spectacle organisé par Atze Musiktheater.

 

 

 

 

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