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LANGUES REGIONALES – Fierté en Espagne, ignorées en France

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 3 novembre 2015, mis à jour le 4 novembre 2015

Occitan, catalan, euskera, corse, sont autant de langues régionales existant d'un côté et de l'autre des Pyrénées. Pourtant, la valeur de ces langues n'est pas appréciée de la même manière dans chacun des pays. En Espagne, les langues régionales sont des éléments forts de l'identité et du patrimoine d'une communauté autonome, ayant parfois une présence officielle et éducative. Côté français en revanche, les sénateurs viennent de voter le rejet de la ratification d'un charte reconnaissant les langues locales.

(CC searchclippr)  

La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires est un traité européen qui tend à reconnaître et protéger les langues parlées traditionnellement dans certaines régions d'un même Etat par des ressortissants de cet Etat qui constituent un groupe numériquement inférieur au reste de la population. La charte reconnait ces langues comme patrimoine culturel européen, et défend le droit imprescriptible d'utiliser une langue régionale ou minoritaire dans la vie privée et publique. Le texte oblige les Etats qui le ratifient à reconnaître, protéger et faciliter l'enseignement de ces langues sur son territoire.

Diversité culturelle vs unité de la République
Le texte a été élaboré en 1992 en Europe. La France l'a signé en 1999. Mais depuis, elle ne l'a jamais ratifié, ce qui signifie que cette charte n'est pas applicable dans l'Hexagone. Pourquoi cela ? Pour répondre à cette question, il faut prendre en considération les différentes opinions sur le sujet. D'un côté, les défenseurs des langues régionales, qui veulent préserver la diversité culturelle de la France et revendiquent le droit à l'utilisation de ces langues comme héritage régional. De l'autre, il y a ceux qui défendent l'unité de la République et qui considèrent que la reconnaissance des langues régionales serait une menace contre l'égalité des citoyens. Il faut dire que la France observe les comportements des pays voisins, et qu'au même moment de l'autre côté des Pyrénées, la question de l'identité régionale soulève de grandes polémiques pour l'unité nationale avec la mise en place du processus indépendantiste catalan. De quoi faire réfléchir à deux fois les sénateurs français avant de prendre une décision.

La réforme de la Constitution est rejetée
En 1999, la charte n'avait pas été ratifiée car le Conseil constitutionnel avait estimé que les principes constitutionnels d'indivisibilité de la République, d'égalité devant la loi et d'unicité du peuple français n'étaient pas respectés. Le débat dure donc depuis des années, au cours desquelles plusieurs personnalités politiques ont essayé de faire ratifier le texte mis en suspens en France. C'était d'ailleurs l'une des promesses de campagne de François Hollande. Cette année, le président français a tenté de faire une révision de la Constitution en ce sens. Il aurait alors déclaré que "la voie du Congrès lui paraît la plus appropriée", écartant ainsi la possibilité de référendum auprès des citoyens. En effet, le référendum est obligatoire pour faire aboutir une proposition de loi constitutionnelle par les parlementaires alors que si la demande émane du Gouvernement, la décision peut être votée par l'Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès. La charte fut définitivement enterrée le mardi 27 octobre 2015, avec 180 voix à son encontre lors du vote.

L'Espagne et la force de ses langues régionales
L'Espagne de son côté, a signé la Charte pour les langues régionales dès 1992, l'a ratifiée en avril 2001 et l'a mise en application dès le mois d'août suivant. La langue officielle de la Péninsule est le castellano, qui sera nommé espagnol dès 1925. Cependant, il existe différentes langues régionales pour lesquelles un grand respect est accordé. L'organisation du pays en communautés autonomes préserve cette notion de diversité et le maintien de ces langues. Si bien que dans certaines régions, c'est la langue locale qui est la langue officielle de communication, bien que l'espagnol soit également une langue officielle. C'est le cas par exemple du catalan pour la Catalogne, dans laquelle l'espagnol est actif mais où toutes les communications du Gouvernement sont écrites en catalan, et où la langue d'apprentissage est également le catalan. Il est aussi parlé dans les îles Baléares et dans la communauté valencienne, où il diffère légèrement et se nomme "valenciano". Au pays basque et en Navarre, on parle le "euskera". Il existe également d'autres dialectes locaux un peu moins connus, comme le "bable" à Asturias, l'occitan ou encore le gascón.

La France avait une multitude de langues régionales
Le territoire français est historiquement très riches en dialectes régionaux. On en recenserait des centaines, plus ou moins utilisés, en prenant en compte les variables au sein d'une même région. Parmi les langues locales les plus défendues lors de ce projet, on recense le breton, l'alsacien, l'occitan, le corse, le provençal, le bourguignon, le picard, le basque et les langues d'oïl. A la différence de l'Espagne, ces dialectes ne sont pas utilisés de manière quotidienne en public. De plus, seuls quelques habitants les utilisent et s'efforcent de les transmettre à travers des écoles régionales privées. Aujourd'hui, ces langues n'ont plus aucune valeurs aux yeux de la République qui ne reconnait que le français comme langue officielle.

Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Mercredi 4 novembre 2015
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Publié le 3 novembre 2015, mis à jour le 4 novembre 2015

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