En attendant le jugement du Tribunal Suprême, les forces indépendantistes se préparent à riposter, dans la rue comme au Parlement de Catalogne.
Le Tribunal Tribunal Suprême se prononcera dans les prochains jours sur le sort des douze prisonniers accusés d'avoir organisé un référendum illégal sur l’indépendance de la Catalogne le 1er octobre 2017 (1). Le jugement sera probablement rendu ce lundi 14 octobre, c'est à dire pratiquement deux ans après l'incarcération préventive des prévenus. Avant même que le Tribunal Constitutionnel ne se prononce, le quotidien El País annonçait dans son édition du 11 octobre que les inculpés échapperaient à une condamnation pour "acte de rébellion".
L'information émanant du Tribunal Suprême est très importante, car une telle condamnation impliquerait des peines de prison allant de 15 à 25 ans. Cela signifie aussi que la circonstance aggravée de "violence" (indissociable du délit de rébellion) n'a pas été retenue contre les prévenus. Selon les informations du journal, au moins neuf condamnations fermes devraient cependant être rendues dans cette affaire, et "les peines seront modulées pour chacun des douze accusés en fonction de leur degré d'implication".
Les prisonniers restent cependant sous le coup d'accusations telles que la sédition, également passible de lourdes peines. Les plus exposés à ce type de condamnation étant évidemment les plus hauts responsables catalans de l'époque, c'est à dire Oriol Junqueras, alors vice-président du Govern de Catalunya, et Carme Forcadell (ex-présidente du Parlament). S'il n'était pas parti à Bruxelles pour échapper à la justice espagnole, l'ancien président de la Generalitat Carles Puigdemont aurait encouru la même punition de la part du Tribunal Suprême.
Protestations annoncées
Quelle que soit la nature du jugement, les bruits de casseroles (mode de protestation désormais traditionnel) se feront entendre à coup sûr partout en Catalogne, et marqueront le coup d’envoi d'une série de manifestations préparées depuis plusieurs semaines par les différents représentants indépendantistes catalans. Certains ont même été déjà explicitement annoncées, à l'instar du mouvement prévu par l’association citoyenne ANC (Assemblée Nationale Catalane) ; son Secrétaire Général David Fernàndez a fait savoir que plusieurs marches seront organisées pendant trois jours et sur une centaine de kilomètres, dès l'annonce de la sentence.
Cette mobilisation qui convergera vers Barcelone provoquera de nombreuses perturbations sur les routes. Dans la capitale catalane, d'importantes concentrations sont également à prévoir dans le centre comme aux abords du Parlement. À l'ampleur attendue de la mobilisation populaire, s’ajoutera la réponse des représentants du gouvernement et du Parlement catalan, qui vient encore d’être rappelé à l’ordre par le Tribunal Constitutionnel pour deux résolutions adoptées en juillet dernier : pour le droit à l'autodétermination et la réprobation du roi Philippe VI. Avec en toile de fond le spectre d'une possible réactivation de l'article 155 impliquant la mise sous tutelle de la Generalitat.
(1) Pour mémoire, les "protagonistes" de ce qu'il est désormais convenu d'appeler le "Procés" sont : Oriol Junqueras (ex-vice-président du Govern de Catalunya), Jordi Turull, Raul Romeva, Joaquim Forn, Dolors Bassa, Josep Rull, Carme Forcadell (ex-présidente du Parlament), Jordi Sanchez (ex-président de l'Assemblée Nationale Catalane) et Jordi Cuixart (président de l’association Omnium Cultural).