Les premières conséquences de la crise du Covid-19 sur l'économie espagnole font surface. Les petits commerces peinent à se relever et les grands groupes annoncent des plans de licenciement.
Après deux mois de confinement qui ont ralenti ou paralysé toute activité, le temps est à la récupération. La réouverture des frontières cet été et le retour du tourisme offrent une lueur d'espoir. Cependant, l'impact de la crise et des restrictions sur le tissu économique espagnol est tel que certains ne peuvent plus rouvrir leur commerce ou leur site de production. Sur les deux derniers mois l'Espagne compte 133.757 entreprises de moins sur le registre de la Sécurité sociale. C'est au mois de mars que le coup a été le plus fort, avec 122.827 employeurs désinscrits. En avril, 12.000 entreprises supplémentaires ont mis la clé sous la porte. En l'espace de deux mois, l'Espagne est passé de 1,5 million d'entrepreneurs à 1,36 million, et des millions de travailleurs ont perdu leur emploi, de manière temporaire ou définitive.
Des licenciements dans l'industrie internationale
Certains secteurs d'activité étaient déjà en danger avant l'arrivée du Covid, fragilisés notamment par la crise économique de 2008 et par les récentes tensions commerciales internationales. De plus, la crise sanitaire remet en question le modèle industriel espagnol. Les multinationales produisant en Espagne n'ont pas de centre de décision dans le pays. Elles risquent donc de recentraliser la production dans leur pays d'origine si des diminutions des volumes sont nécessaires pour faire face à la chute de l'activité.
Le premier cas conséquent s'est fait connaître la semaine dernière à Barcelone, avec l'annonce de la fermeture des trois sites de production Nissan, laissant 23.000 employés directs et indirects sur le carreau. Le constructeur automobile japonais a décidé quitter le sol catalan, où il était implanté depuis quarante ans, pour concentrer sa production en Asie et aux États-Unis. Dans la même lignée, le fabricant américain Ford a décidé du licenciement de 350 ouvriers de son site valencien de Almussafes pour pouvoir affronter la baisse de production liée à la crise du Covid-19. ArcelorMittal, le leader mondial de la sidérurgie, a annoncé une "baisse significative des activités industrielles" affectant ses 12 usines en Espagne, pour faire face à une perte d'un milliard d'euros enregistrée pour le premier trimestre 2020. Enfin, la multinationale américaine Alcoa, un des principaux producteurs d'aluminium au monde, a annoncé la même semaine la fermeture de son site de Lugo et le licenciement de ses 534 travailleurs, évoquant le coût de l'électricité en Europe. Soulagement en revanche pour les employés de Renault, dont les différents sites en Espagne ne devraient pas être affectés par le plan de licenciement que la marque au losange a présenté la semaine dernière, et qui affecte 15.000 employés dans le monde.
La souffrance des petits commerces
Le manque d'activité dérivé de la déclaration de l'état d'alerte a poussé les entreprises à devoir supporter des conditions financières extrêmes. Rapidement, des problèmes de trésorerie se sont fait ressentir pour beaucoup de professionnels. On estime à ce jour que 24% des entreprises doivent attendre plus de 90 jours pour obtenir le paiement de leurs factures. Les petits commerces ont été les premiers à avoir lutté contre des problèmes financiers, et à s'être retrouvés en grande difficulté face aux charges sans avoir de clients. Avec des revenus faibles ou inexistants, certains ont rapidement mis la clé sous la porte. Le gel des activités à bien évidemment été le coup de massue, mais les restrictions de mobilité, les normes d'hygiène à faire respecter pendant le déconfinement ainsi que la propre crainte des des clients sont autant de freins à une reprise encourageante de la consommation. En Catalogne par exemple, 20% des PME et des autónomos fermeront leurs portes à cause de la crise sanitaire selon le groupement régional des petites et moyennes entreprises PIMEC.