Les dirigeants de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), réunis en sommet ce week-end à Bangkok, ont avancé sur un projet d’accord de libre-échange promu par Pékin, qui associerait seize Etats de la région Asie-Pacifique, ambitionnant de le boucler fin 2019.
Les dirigeants de l'Asie du Sud-Est ont lancé un fervent appel contre le protectionnisme lors du sommet régional tenu à Bangkok dimanche, avertissant que la guerre commerciale en la Chine et les Etats-Unis risquait d’affaiblir fortement leurs économies basées sur les exportations.
«L’Asean doit travailler main dans la main dans les négociations sur le RCEP, afin qu’il puisse aboutir cette année », a déclaré dimanche le Premier ministre thaïlandais Prayut Chan-O-Cha lors de la conférence de presse finale.
«Le vent du protectionnisme met à mal notre système commercial basé sur le multilatéralisme», a-t-il martelé, dans une allusion à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.
Lancé dès 2012 mais peinant jusqu’ici à avancer, le Partenariat économique intégral régional (RCEP selon son acronyme anglais) renforcerait l’influence de Pékin en Asie.
Le RCEP doit en effet inclure, outre l’Asean et la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, soit la moitié de la population du globe. Cela en ferait le plus grand accord commercial au monde.
Le président chinois Xi Jinping participera au prochain sommet de l’Asean prévu en novembre en Thaïlande, avec le RCEP comme un des principaux dossiers au menu des négociations.
La décision de Donald Trump en janvier 2017 de retirer les Etats-Unis d’un projet concurrent de Traité de libre-échange transpacifique (TPP) a joué en faveur du RCEP.
Pékin s’était alors engouffré dans la brèche pour relancer son initiative alternative, qui doit notamment réduire les barrières douanières dans la région et faciliter les investissements dans les pays les moins développés du bloc.
Mais l’accord bute jusqu’ici sur un certain nombre de points. Australie et Nouvelle-Zélande veulent que l’accord inclue un renforcement du droit du travail, de la protection de l’environnement, mais aussi de la propriété intellectuelle, alors que de nombreux pays de la zone sont peu soucieux de « copyright ».
Quant à l’Inde, elle redoute que le RCEP se traduise par un afflux de marchandises chinoises sur son territoire.
C’est donc entre la Chine et l’Inde que la négociation restera la plus difficile, témoigne un diplomate de l’Asean ayant pris part aux négociations de ce week-end.
Les exportations thaïlandaises ont diminué de 5,8% en mai rapportait vendredi The Nation, une contraction imputée en partie aux tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. Sur les cinq premiers mois de 2019, les exportations thaïlandaises ont diminué de 2,7%.