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Prachuap jouit du tourisme domestique tandis que d’autres souffrent

Prachuap PlagePrachuap Plage
Catherine VANESSE - Les Thaïlandais sont venus nombreux durant le week-end du 25 au 28 juillet pour profiter des plages de Prachuap Kiri Khan
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 29 juillet 2020, mis à jour le 29 juillet 2020

La station balnéaire thaïlandaise de Prachuap Khiri Khan, habituellement prisée des locaux, a fait le plein durant le week-end du 25 au 28 juillet, tandis que d’autres sites plus connus internationalement continuent de souffrir de l’absence de touristes étrangers

Située à 280 kilomètres au sud de Bangkok et à 80 kilomètres de la station balnéaire royale de Hua Hin, la ville de Prachuap Khiri Khan a attiré de nombreux visiteurs venant d’un peu partout en Thaïlande, principalement de Bangkok ou des provinces voisines de Phetchaburi, Chumphon ou Surat Thani. Passage obligé entre le centre et le sud du pays, ce port de pêche est une paisible cité en bord de mer qui depuis toujours est relativement peu connue des touristes étrangers, mais très prisée par les Bangkokois pendant les congés. 

De nombreux hôtels affichaient des taux d’occupation de plus de 80% voire complet durant le long week-end du 25 au 28 juillet. Les restaurants du front de mer ont également été pris d’assaut chaque soir, et il fallait parfois faire preuve de patience avant de trouver une table disponible. Le marché de nuit du samedi soir a lui aussi vu la foule affluer autour des échoppes de nourritures, vêtements et souvenirs, jusqu’à ce que la pluie ne vienne refroidir les ardeurs des visiteurs et rabaisser le moral des vendeurs. 

“Ce n’est vraiment pas de chance”, râle Lek, une Thaïlandaise francophone qui vend des bijoux qu’elle confectionne elle-même. “En voyant le monde arriver, je me réjouissais et je pensais faire une bonne soirée, car il n’y a pas eu de “Walking Street” jusqu’au 1er juillet," dit-elle. "Mais bon, depuis la réouverture [de la walking street], les affaires reprennent quand même plutôt bien”, se rassure-t-elle.

Destinations thailandaises du tourisme domestique durant la crise du Covid
Le marché de Prachuap Kiri Khan (Photo Catherine VANESSE)

Depuis la fin des restrictions des déplacements interprovinciaux, la ville de Prachuap Khiri Khan accueille de nombreux visiteurs tous les week-ends avec pour les hôteliers des contrastes importants entre les taux d’occupation du week-end et de la semaine. “Nous avions fermé le 18 mars, car nous n’avions plus de clients”, explique Jatuporn Lailon, propriétaire de la guesthouse Yuttichai. “Ensuite le gouvernement a ordonné la fermeture des hôtels. Nous avons rouvert le 17 juin, mais il aura fallu attendre le long week-end du 4 juillet pour accueillir les premiers clients. Depuis, tous les week-ends, nous avons du monde”, se réjouit-elle. 

Des airs de l'avant Covid

Loin d’être dans une "nouvelle normalité" stricte, la ville donne l’impression d’un retour à la vie d’avant. Si l'on voit davantage de personnes porter le masque sur le marché de nuit, beaucoup le laissent de côté ou se contentent de le glisser sous le menton. À la plage, il est par contre inexistant. Les seuls moments où ne pas en être muni semble rédhibitoire est pour rentrer dans les supérettes et magasins avec de l’air conditionné ou au moment de se faire contrôler la température lorsqu’on veut entrer sur la base militaire Wing 5 pour se rendre à la plage d’Ao Manao. 

Fermée depuis la fin du mois de mars, la base militaire n’a rouvert au public que depuis le 1er juillet avec un contrôle et une limitation du nombre de visiteurs à 500 véhicules simultané par jour. Pour beaucoup d’habitants, la réouverture de la plage d’Ao Manao relance réellement le tourisme. Il faut dire que c’est la seule plage où il est possible de louer des transats et où l’eau calme et peu profonde de la baie offre un cadre sécurisant pour la baignade des enfants. 

Destinations thailandaises du tourisme domestique durant la crise du Covid
La plage d'Ao Manao est la seule plage où il est possible de louer des transats (Photo Catherine VANESSE)

Jouant de son panorama pour attirer les visiteurs, la base militaire permet, lors des longs week-ends, de faire l’ascension de la colline Khao Lom Muak. Après une ascension de 615 marches et une escalade sur des chemins tortueux, le sommet culmine à 280 mètres et offre l’un des plus beaux points de vue sur les trois baies (Ao Noi, Ao Prachuap et Ao Manao) qui constituent la spécificité géographique de la ville. 

Pour autant, depuis toujours, la ville de Prachuap Khiri Khan ne mise pas seulement sur le tourisme et encore moins sur le tourisme étranger, préférant souvent les diriger vers Hua Hin. Chef-lieu de la province, la ville accueille tous les bureaux administratifs, une base militaire, des écoles, un centre de recherche en météorologie, un parc scientifique, etc. 

Pour Thanyamai Saisakon, une masseuse, le plus difficile a été l’obligation de fermer son salon. “Je n’ai pas pu travailler pendant trois mois, j’ai reçu l’aide du gouvernement, mais ce n’était pas suffisant. Par contre depuis mi-juin, les affaires reprennent comme avant”, explique-t-elle. D’autres restaurateurs et commerçants confirment les propos de Thanyamai. 

D’autres destinations prisées

Avec un long week-end et une campagne d’aides financières “We travel together” pour inciter les Thaïlandais à voyager, ils sont nombreux à avoir pris la route, souvent en famille, pour quelques jours pour des destinations qui ne sont pas forcément prisées par les touristes étrangers.

L’Office du Tourisme en Thaïlande (TAT) s’attend à ce que le week-end du 25 au 28 juillet génèrent 6,8 milliards de bahts de revenus, un peu moins que lors du long week-end du 4 au 7 juillet qui avait permis d'engranger des recettes de 8,58 millions de bahts. La TAT annonce que de nombreux hôtels affichent des taux d’occupation de 80 à 90% dans les villes côtières de l’est et du sud du golfe de Thaïlande.

Destinations thailandaises du tourisme domestique durant la crise du Covid
Entrée de la plage d'Ao Manao à Prachuap Kiri Khan (photo Catherine VANESSE)

Parmi les destinations prisées, la côte est avec Jomtien, Koh Samet et Koh Chang ainsi que plusieurs villes dans le sud comme Hua Hin, Prachuap Khiri Khan, Ban Krut ou encore Khanom. 

Maxime Gaillard, directeur du Baan Thong Ching Resort à Khanom dans la province de Nakhon Si Thammarat confiait à Lepetitjournal.com/bangkok être assez optimiste. “Je fais partie de la liste des hôtels participants à “We Travel Together” et depuis, je me fais bombarder de réservations de Thaïlandais. En fait, à Khanom, la plupart des hôtels sont pleins les week-ends et là, avec le long week-end, je suis complet pendant 4 nuits d’affilée, une première!”, relate-t-il. “Nous ne dépendons pas uniquement des Européens, nous sommes plus sur un marché thaïlandais. Il ne faut jamais oublier que même si c’est tentant d’aller démarcher la clientèle européenne, on voit bien que quand il y a des coups durs, ça plonge direct”, ajoute Maxime Gaillard. 

À Jomtien, il y a presque plus de monde que lors des habituelles festivités de Songkran, le Nouvel An bouddhique comme en témoigne Patrick Dussuchal. “A Flow Café, le café-restaurant de mon épouse, d’habitude nous avons des clients étrangers, mais ce week-end c’est la folie, nous avons fait 2 ou 3 fois plus de chiffres que d’habitude! À Pattaya, cela reste désert, la moitié des commerces sont encore fermés et il faut dire que la ville souffre d’une mauvaise réputation auprès des touristes thaïlandais. Par contre, à Jomtien, c’est bondé, ça fait du bien de voir un peu de monde pendant un week-end”, commente le Français. 

Pour d'autres, l'agonie continue

Koh Samui n’a pas profité de la vague de touristes thaïlandais lors du week-end de 4 jours déplore Alexandre Caporali, le consul honoraire de France à Surat Thani. “Par rapport au désert qu’est devenu Koh Samui, il y a eu quelques personnes pendant le long week-end, mais cela reste insignifiant. L’île est entièrement dépendante du tourisme étranger et actuellement 80% des commerces sont fermés!”, explique Alexandre. 

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D'autres destinations comme la plage de Kanom dans la province de Nakhon Si Thammarat, qui abrite le Baan Thong Ching Resort semblent jouir aussi d'une bonne fréquentation durant les congés (Photo courtoisie Baan Thong Ching Resort)

L’île de Koh Phangan a légèrement bénéficié de touristes thaïlandais en provenance de Bangkok ou Phuket. “Il y a eu quelques touristes thaïlandais, mais je dirais que cela n’a pas vraiment eu d’effet”, commente Quentin Seynaeve, un Belge propriétaire d’un hôtel et de deux restaurants sur l’île voisine de Koh Phangan. “À Koh Phangan, ce sont surtout des touristes européens et au vu de la situation en Europe, on sait que jusqu’au mois de décembre c’est mort et avec la fin de l'amnistie des visas le 26 septembre, ce sera encore pire”, ajoute-t-il. 

Sur les réseaux sociaux, certains directeurs d’hôtels se félicitaient de faire le plein de visiteurs tandis que d’autres à Phuket, en particulier à Patong Beach, les accusaient presque de lancer de fausses rumeurs alors que leurs hôtels sont toujours vides depuis des mois. 

En effet, certaines villes telles que Phuket, le centre de Pattaya ou Koh Samui, qui depuis de nombreuses années se sont tournées vers le tourisme international peinent à rebondir et à attirer un tourisme domestique. Des destinations qui souffrent également d’une réputation sulfureuse auprès des Thaïlandais comme s’accordent à le dire Alexandre Caporali, Quentin Seynaeve et Patrick Dussuchal en parlant de leurs lieux de résidence respectifs que sont Koh Samui, Koh Phangan et Pattaya.

Avec la fermeture des frontières aux touristes étrangers et l’incertitude sur la date de réouverture, le secteur du tourisme en Thaïlande, qui a accueilli près de 40 millions de visiteurs en 2019, n’a d’autre choix pour l’instant que de se tourner vers le marché domestique pour survivre. En cela, les destinations qui étaient positionnées sur ce marché ont naturellement les meilleurs avantages pour en profiter au mieux rapidement.

A la fin du mois d’avril, l’office du tourisme en Thaïlande (TAT) espérait encore attirer 16 millions de touristes étrangers en Thaïlande pour l’année 2020. Trois mois plus tard, en juillet, la Banque de Thaïlande (BOT) estime que le royaume n’accueillera cette année que 8 millions de voyageurs étrangers, soit une baisse de 80% par rapport à 2019, avec des recettes provenant de cette manne étrangère représentant 11,4% du PIB.

La Thaïlande a d'ores et déjà enregistré 6,69 millions de visiteurs étrangers entre janvier et, mai, soit une baisse de 60% par rapport à l'année précédente, a annoncé fin juin le ministère du Tourisme. Autant dire que les prévisions pour le reste de l’année ne sont pas très optimistes et plusieurs acteurs dans l’industrie du tourisme craignent que les frontières restent fermées jusqu’à la fin de l’année alors qu’il y a quelques mois, ils espéraient pouvoir accueillir de nouveau les touristes pour le début de la haute saison touristique en octobre. 

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