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Le monde formidable du journaliste belge Jacques Bekaert

Livre de Jacques Bekaert A Wonderful WorldLivre de Jacques Bekaert A Wonderful World
Catherine Vanesse - Couverture du dernier livre du journaliste Jacques Bekaert "A Wonderful World"
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 12 août 2020, mis à jour le 12 août 2020

Journaliste, écrivain, compositeur, diplomate, aujourd’hui âgé de 80 ans et installé en Thaïlande depuis 35 ans, le Belge Jacques Bekaert a eu une carrière bien remplie qu’il révèle dans ses mémoires “A Wonderful World”. 

Jacques-Bekaert
Courtoisie Jacques Bekaert

“J’ai toujours eu envie d’écrire” explique d’emblée à Lepetitjournal.com Jacques Bekaert depuis son appartement au coeur de Sukhumvit. “À partir du moment où j’ai pu lire, j’ai lu tous les Tintin et d’autres bandes dessinées comme Blake et Mortimer. J’ai même fait des bandes dessinées moi-même, très mauvaises, et puis je suis devenu journaliste”, raconte-t-il. 

Né à Bruges en Belgique le 11 mai 1940, Jacques Bekaert a travaillé comme journaliste pour la radio et télévision belge RTBF, Le Monde, Le quotidien de Paris, au Southeast Asian service de la BBC, au Jane Defense Weekly, à l'International Herald Tribune, au Nation et au Bangkok Post. En tant que diplomate de l’Ordre de Malte, il a été basé au Cambodge et en Thaïlande. Il a écrit plusieurs livres en français et en anglais sur John Cage, la politique américaine, le Cambodge et le Vietnam ainsi que des livres de fictions tels que le roman "Le Vieux Marx", paru chez l'Harmattan en 2015, ou le recueil de nouvelles, "Lieux de Passage", paru chez Edilivre en 2018. Il est aussi compositeur et sa musique a été jouée aux États-Unis, en Europe et en Asie. Marié pendant des années à une Américaine, il a passé sa vie entre Bruxelles, New York, Phnom Penh et Bangkok. 

Dernièrement, Jacques Bekaert a publié “A Wonderful World”, “Un monde formidable”, ses mémoires qui retracent son enfance en Belgique, ses débuts en tant que journaliste pour La Cité et le Quotidien de Paris, sa rencontre avec le compositeur belge Henri Pousseur, ses voyages aux États-Unis à l’époque du Watergate qu’il couvrait pour la RTBF et où entre deux reportages, il se liait d’amitié à des musiciens, dont John Cage, sur qui il écrit un premier livre. 

“De mon temps, il n’y avait pas d’études de journalisme, tout ce qu’on vous demandait c’était d’écrire sans trop de fautes et d’être capable de fouiller, de faire des recherches”, explique le journaliste. Lorsqu’on lui pose la question de savoir quelles sont les grandes évolutions de la profession qu’il a connue, il pointe avant tout la précision : “Aujourd’hui, on vous reproche tout de suite une erreur de date, il y a toujours quelqu’un pour trouver une faute d’orthographe, un manque de précision. À l’époque, on devenait journaliste parce qu’on écrivait bien ou qu’on avait rencontré quelqu’un qui nous avait dit ‘pourquoi tu n’écris pas?’ Ne sachant rien faire d’autre, c’est comme cela que j’ai commencé. Par contre, on ne finit pas riche en tant que journaliste!”

De la révolution du Portugal en 1974, à la chute de la junte militaire en Grèce la même année, en passant par le Mexique ou l’Australie ou encore la guerre du Vietnam, le Cambodge et la Thaïlande, Jacques a couvert certains des plus grands événements de l’histoire contemporaine. Avec une dose d’humour, beaucoup de bienveillance et sans prétention, il revient dans ses mémoires sur ces voyages et les amitiés qu’il a construites au fil du temps avec le roi Sihanouk du Cambodge, le diplomate belge Patrick Nothomb, le musicien belge Henri Pousseur, ainsi qu’un agent du KGB, etc.

“À un moment, j’ai très bien connu certains diplomates russes en poste en Asie, j’ai même refusé l’offre du KGB de devenir agent secret pour eux! Le roi Sihanouk du Cambodge était un homme fascinant et complexe, nous lui apportions à chaque fois du chocolat belge et du jambon d’Ardenne. Et mes mémoires, c’est entre autres Patrick Nothomb qui m’a poussé à les écrire et je me suis pris au jeu”, précise l’homme qui semble avoir vécu mille vies. 

Sa vie asiatique

En 1978, Le Quotidien de Paris met la clé sous le paillasson, Jacques Bekaert reçoit des indemnités et décide d’aller en Thaïlande, car un ami lui rapporte que des visites des temples d’Angkor sont organisées par les Khmers rouges et que les agences de presse sont prêtes à acheter tous les sujets sur le Cambodge. À quelques jours de son départ, un autre ami lui parle de possibles camps de réfugiés et lui donne l’adresse du Bureau du comité de l’immigration européenne situé à l’époque dans le bâtiment d’Air France à Bangkok dans le quartier de Patpong. “Quand j’arrive à l’aéroport de Don Mueang, je vais au bureau d’information pour réserver un hôtel et je dis à la dame que je voudrais aller à Patpong. Elle me dit : ‘vous permettez que je vous pose une question ? Pendant votre séjour en Thaïlande, est-ce que vous avez l’intention de rester seul à l’hôtel ?’ J’ai dit oui, évidemment! Je ne voyais pas pourquoi elle me demandait cela, j’ai compris plus tard”, plaisante Jacques. 

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Catherine Vanesse - Jacques Bekaert et l'ancien ambassadeur de Belgique en Thaïlande étaient de très bons amis

De ce premier voyage en Thaïlande, débute alors la carrière asiatique de Jacques Bekaert avec de fréquents déplacements dans les pays alentours : Vietnam, Cambodge où il a vécu plusieurs années et pays sur lequel il écrit plusieurs livres : Cambodian Diary 1 : Tales of a Divided Nation, Cambodian Diary 2 : A Long Road to Peace, Angkor : Vision of a Great Kingdom, Apsara : Celestial Dancers of Angkor, Life at the Angkor Period. 

Par contre, dès qu’il s’agit de romans ou de textes de fictions, l’auteur avoue ne pas être inspiré par la région. “J’ai écrit mon premier roman au Cambodge. À l’époque, le soir c’était assez dangereux de sortir, il y avait des bandes de soldats du régime de Hun Sen qui n’étaient plus payés depuis des mois et qui rançonnaient tout particulièrement les étrangers. J’avais toujours eu envie d’écrire un roman. Commencer, c’est facile, le terminer c’est autre chose. Je me suis demandé où est-ce que je voulais que l’action se passe. Pas au Cambodge, il fait une chaleur épouvantable. Donc j’ai pensé à un pays que je connais bien, où il pleut : la Belgique et Bruxelles plus spécialement. C’est ainsi que j’ai écrit Le Vieux Marx paru chez l'Harmattan en 2015” explique Jacques. 

Aujourd’hui âgé de 80 ans, l’homme ne semble pas prêt de s’arrêter d’écrire ou de composer de la musique, deux virus qui ne le lâchent pas : “Je continue de composer de la musique et d’écrire des livres, j’en ai plusieurs en cours dans mon ordinateur, j’ai plusieurs nouvelles qui sont terminées. En tant que journaliste, j’écris encore pour Asialyst, des articles sur des hôtels emblématiques, je n’écris plus  d’articles politique même si je continue à suivre ce qui se passe, surtout la politique aux États-Unis parce que j’y ai vécu longtemps et que ma femme était américaine”, conclut-il. 

À Wonderful World, un livre passionnant. 

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