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Le charme intemporel de la vieille ville de Phuket

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Catherine VANESSE - Thalang Road, la principale artère du vieux Phuket avec ses shophouses et ses édifices sino-portugais centenaires
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 7 août 2020, mis à jour le 7 août 2020

Avec ses façades colorées et son architecture sino-portugaise, le quartier historique de Phuket invite à une balade dans le temps. 

Si la province de Phuket est réputée pour son côté festif et ses magnifiques plages de sable blanc, elle recèle également un fabuleux quartier historique, qui rappelle les cités d’anciennes colonies britanniques comme Malacca, Penang voire Singapour. Bienvenue à Phuket Town le temps d’une journée.

L’histoire de la ville remonte au 11ème siècle. Phuket, alors baptisée Junk Ceylon n’était peuplée que de tribus de gitans de la mer et de nomades Mon. Son nom actuel provenant du mot “Bukit”, qui signifie colline, lui fut attribué par les Malais, tandis que se développèrent production d’étain et échanges commerciaux avec Penang et les Européens à partir du 16ème siècle. Au 18ème siècle, cet essor favorisa l’afflux d’immigrants arrivant de Chine, après un transit par Penang pour certains. C’étaient principalement des Hokkien, originaires de la province du Fujian, qui fuyaient la famine provoquée par des catastrophes climatiques ou la terreur exercée par le pouvoir central. Durant cette période de prospérité, la ville de Phuket dut s’organiser pour répondre à l’accroissement soudain d’une population et vit éclore échoppes, lieux de cultes, écoles et dispensaires.

Balade dans le quartier historique sino-portugais de Phuket
Chin Pracha Mansion, grande villa sino-portugaise sur Dibuk Road, a été construite en 1904 (Photo Catherine Vanesse)

Une architecture remarquable

Thalang Road est la principale artère historique et bigarrée du vieux Phuket, elle permet d’observer quantité de shophouses et d’édifices sino-portugais centenaires, dont beaucoup ont été rénovés ces dernières années. La plupart des commerces proposant des textiles constituent de véritables paradis pour amateurs de sarongs et tissus traditionnels que l’on appelle également des batiks Baba ou Peranakan. Les Babas sont les Sino-thaïlandais qui ont des ancêtres Hokkien et qui représentent aujourd’hui près de 70% de la communauté de Phuket Town.

Outre le style vestimentaire unique, l’architecture des maisons fait aussi partie de cet héritage que l’on peut découvrir en entrant dans différents cafés, restaurants ou échoppes. Le café “Coffs & Burgh” sur Thalang Road en est un bel exemple et s’étale tout en longueur. 

Initialement, la partie frontale de ces shophouses était utilisée pour les activités commerçantes. La zone réservée à l’habitat se situait au fond, ainsi que le quartier des femmes. Une sorte de patio éclairé par un puits de lumière naturelle séparait souvent ces espaces. On découvre parfois de petits jardins de ville après avoir traversé les différentes pièces des maisons. 

Balade dans le quartier historique sino-portugais de Phuket
Soi Romanee, ravissante ruelle au passé sulfureux est devenu le lieu de prédilection des photographes (Catherine Vanesse)

Un peu plus loin, Dibuk Road regroupe certains des édifices de style “sino-portugais” plus importants, tels l’Hôtel de Ville, le Tribunal de Province, la Banque Nakorn Luang et la Maison du Gouverneur. Sur Krabi Road, le Thaï Hua Museum, une bâtisse construite en 1934, permet de découvrir l’histoire de Phuket et de ses habitants.

Dans la même rue, la Chin Pracha Mansion, construite en 1904 par Phra Pitak Chinpracha, qui fit fortune dans l’étain, est une grande villa sino-portugaise. Cinq générations plus tard, sa famille l’habite encore et continue de transmettre sa connaissance de l’histoire de l’île, de la culture Peranakan, du style vestimentaire des Babas ou des Yayas, lors de visites guidées tous les jours de la semaine pour 150 bahts.

En poursuivant sur Rassada Road, le Thavorn Hotel plonge le visiteur dans une tout autre époque. Construit en 1961, il est le premier hôtel 5 étoiles de l’île et la propriété de la famille Thavornwongwongse, qui souhaitait développer le tourisme de masse à une période où Phuket attirait encore peu de voyageurs. Depuis, la famille a bâti d’autres hôtels, le Thavorn Palm Beach Resort à Karon et le Thavorn Beach Village à Nakalay au nord de Patong, qui connaissent plus de succès que leur prédécesseur. Selon son site internet, l’hôtel n’a en effet jamais attiré les foules, mais reste un symbole du développement de la ville. Le musée qu’il héberge, hélas peu entretenu, dévoile des photographies, affiches de cinéma et pochettes de vinyles sixties. 

Balade dans le quartier historique sino-portugais de Phuket
The Memory at On On Hotel, le premier hôtel de Phuket, a ouvert en 1927 (Photo Catherine Vanesse)

Autre hôtel incontournable : The Memory at On On Hotel. Ouvert depuis 1927, il fut le premier hôtel de Phuket à accueillir commerçants et gens de passage. Pendant de nombreuses années, il a peu évolué, comme en témoigne le film The Beach tourné en 2000. Dans le scénario, Richard, le personnage joué par Leonardo DiCaprio séjourne en effet à The Memory at On On Hotel, situé à Khao San Road, dans une chambre peu accueillante en compagnie des cafards. Peu importent les détails et les failles spatio-temporelles, le long-métrage participe à l’aura du lieu. Pourtant, il faudra attendre 2012 avant que celui-ci ne soit totalement rénové. Aujourd’hui, les chambres y sont plus modernes, plus luxueuses, tout en gardant le charme suranné du bâtiment d’origine, pour un voyage dans le passé de Phuket. Pour les fans de l’acteur, lors de votre réservation, vous pouvez demander à séjourner dans la chambre de Leo! 

Ville gourmande

En 2015, l’UNESCO a ajouté Phuket Town à son réseau des villes créatives en lui attribuant le statut de “ville créative de la gastronomie”. La transmission intergénérationnelle de recettes anciennes au sein des familles et des communautés a favorisé la constitution d’un patrimoine gastronomique remarquable que l’on peut découvrir dans des restaurants tels que restaurant familial Kopitiam sur Thalang Road, qui sert une délicieuse cuisine Hokkien. 

Balade dans le quartier historique sino-portugais de Phuket
Le street art s'autorise modestement à contribuer au charme du quartier historique de Phuket (Photo Catherine Vanesse)

Parmi les spécialités à savourer : Roti Má tà ba (crêpes au curry ou au lait condensé), le curry massaman, le curry de poisson (où l’on trouve toutes les parties du poissons), Sà-lat kàak (salade musulmane avec une sauce sucrée à la cacahuète) et bien sûr tous les plats à base de nouilles fraîches aux oeufs. 

Dans la foulée de la reconnaissance de l’UNESCO, l’association “So Phuket” a lancé une campagne intitulée “F.A.T Phuket” (Food Art Old Town). Elle a demandé à plusieurs artistes de rue de décorer les façades de la cité pour l’occasion. Alex Face, Mue Bon, Rukkit sont quelques graffeurs que l’on peut découvrir dans les rues. À côté du rond-point Surin et derrière le café “RoengJit Phuket” se trouve un ancien amphithéâtre abandonné et reconverti en parking qui recèle de nombreux graffitis. 

À l’angle de Thalang Road et du Soi Romanee se trouvent deux oeuvres d’Alex Face et Rukkit et l’occasion de parcourir la petite ruelle Romanee. Il est difficile en flânant dans cette ravissante ruelle, devenue un lieu de prédilection des photographes, d’imaginer son passé sulfureux d’ancienne rue des quatre plaisirs accueillant en son sein vin, femmes opium et jeu. Finalement, c’est sans doute là que se trouve tout le charme de la vieille ville de Phuket, le visiteur voyage en permanence dans le temps, au moins pour une journée. 

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