Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

La plaque des manifestants thaïlandais saisie, des poursuites en vue

La plaque symbolique des manifestants retiree par la police thailandaiseLa plaque symbolique des manifestants retiree par la police thailandaise
REUTERS / Matthew Tostevin - Un homme se penche sur l’endroit où se trouvait la plaque symbolique placée par des manifestants thaïlandais le 20 septembre 2020 et retirée le lendemain par la police
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 22 septembre 2020, mis à jour le 26 septembre 2020

La police a retiré lundi une plaque symbolique posée la veille par les manifestants anti-gouvernement et menace d’engager des poursuites. En attendant, une version digitale de l’objet essaime en ligne

La manifestation ce week-end a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont applaudi les demandes visant à réduire les pouvoirs de la monarchie du roi Maha Vajiralongkorn - une institution vénérée selon la Constitution.

"Les dirigeants ont utilisé des mots inappropriés à propos de l'institution et nous prendrons toutes les mesures nécessaires contre eux", a déclaré aux journalistes le porte-parole de la police, Piya Uthayo, ajoutant que des accusations de lèse-majesté étaient une possibilité.

Les manifestants font preuve au fil des manifestations depuis deux mois d’une audace croissante contre le palais et un establishment noyauté par les militaires.
Le Palais Royal ne s’exprime pas sur les manifestations et les revendications.

Le Premier ministre, Prayuth Chan-O-Cha, ancien chef de la junte que les manifestants veulent voir démis de ses fonctions, s'est félicité que la manifestation se soit déroulée sans heurts. Il s’agissait du rassemblement de rue le plus important depuis le coup d'État de 2014.

Pose de la plaque lors d'une manifestation anti-gouvernement a Bangkok
Les manifestants avaient posé la plaque près du Grand Palais à Bangkok, le 20 septembre 2020. Photo REUTERS / Athit Perawongmetha

La police a déclaré que la plaque en laiton, encastrée dans le sol dimanche près du Grand Palais à l’issue de la manifestation, était retenue comme preuve.

Le chef de la manifestation Parit "Penguin" Chiwarak s’est dit peu surpris qu'elle ait été enlevée. Mais plusieurs versions digitales de la plaque ont déjà été partagées en ligne pour permettre aux gens d'en fabriquer davantage et de les placer où bon leur semble.

"La plaque était déjà installée dans le cœur des gens. Vous pouvez la retirer mais nous en fabriquerons une nouvelle", a-t-il déclaré.

Arrestations

Parit Chiwarak a déjà été arrêté puis libéré sous caution en lien avec des manifestations précédentes comme plus d'une douzaine d’autres figures de la contestation. Des arrestations dont les motifs sont autres que la lèse-majesté régie par l'article 112 du code pénal thaïlandais.

Le Dr Tul Sittisomwong, chef d'un groupe ultra-royaliste, a déposé une plainte auprès de la police contre le jeune Parit et deux autres leaders du mouvement de contestation, affirmant qu'ils avaient violé la loi de lèse-majesté.

"De nombreux Thaïlandais ne sont pas à l'aise avec les gens qui insultent sa majesté", a-t-il déclaré aux journalistes.

Plaque symbolique des manifestants thailandais anti-gouvernement
Un étudiant tient une réplique de la plaque du mouvement protestataire près du Grand Palais à Bangkok. Photo REUTERS / Jorge Silva

Parit Chiwarak a réagi sur Twitter disant que c’était une bonne chose que le Dr Tul ait porté plainte et que cela allait montrer si la loi est "toujours sacrée". Le Premier ministre a déclaré en juin que la lèse-majesté ne serait pas appliquée conformément aux souhaits du roi.

Une autre figure du mouvement, Panusaya Sithijirawattanakul, soutient qu'ils n'ont pas insulté la monarchie.

"Nous ne voulons pas renverser l'institution. Notre proposition est une réforme, pas une révolution", a-t-elle déclaré à Reuters.

Le mot dièse en thaï qui se traduit par #Annulez112 était parmi les plus usités sur Twitter en Thaïlande - avec plus de 256.000 tweets.

Les manifestants disent que la Constitution donne trop de pouvoir au roi et qu’elle a été conçue pour permettre à Prayuth Chan-O-Cha de garder les rennes du pays après les élections controversées de l'année dernière. Ce dernier soutient que le scrutin était juste.

Le symbolisme de la plaque est sa ressemblance avec celle posée en 1932 par le Parti du Peuple pour commémorer la fin de la monarchie absolue, et qui a été retirée en 2017 sans explications quelques mois après la montée sur le trône de Vajiralongkorn.

"Tout le monde savait qu'elle disparaîtrait rapidement, mais le succès de sa création est quelque chose qui continuera. Cela reste toujours un important symbole", a déclaré Craig Kunakorn, un barbier de 33 ans venu voir l'endroit où se trouvait l’éphémère plaque d’une journée.
 

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024