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Sécheresse: La Thaïlande et son brevet royal de production de pluie

Afin de lutter contre la sécheresse récurrente dans le royaume, les autorités thaïlandaises utilisent une technique de culture des nuages pour faire pleuvoir. Cette technologie, expérimentée depuis les années 60, a été améliorée par le roi de Thaïlande, qui a breveté l'invention en 2005 auprès de l'Office Européen des Brevets

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Photo Jean-Louis Duzert
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 20 mars 2009, mis à jour le 20 avril 2024

Les autorités thaïlandaises ont lancé cette semaine une campagne de fabrication artificielle de pluie dans le Nord et le Nord Est du pays afin de lutter contre la sécheresse et les incendies, indiquait mardi le Bangkok Post. Cette campagne, supervisée par le Bureau de la Fabrication Royale de la Pluie et de l'Aviation pour l'Agriculture, a été commencée à Ubon Ratchatani et devrait se poursuivre dans les régions de Lop Buri, Surat Thani et Chiang Mai.

Ce n'est pas la première fois que la Thaïlande met en ?uvre cette technologie qui consiste à provoquer la formation de nuages, à les ensemencer, puis à provoquer des averses. Cinq centres de production de pluie ont d'ailleurs été mis en place depuis février à Chiang Mai, Nakhon Sawan, Rayong, Hua Hin, et Chumphon afin d'apporter de l'humidité dans ces zones durant la saison chaude, indique le Département thaïlandais des Relations Publique dans un communiqué.

Le procédé utilisé a officiellement été inventé en 1999 par le roi Bhumibol Adulyadej lui-même, et breveté en 2005 auprès de l'Office Européen des Brevets (n° 1.491.088).

Faire la pluie à partir du beau temps

Cette technique propose, d'après le brevet, une manière de créer la pluie sans aucun nuage au départ. Une seule condition : avoir une atmosphère chargée au moins de 60% d'humidité. Le procédé se déroule en quatre étapes : le "déclenchement"qui consiste à activer la formation d'un nuage, "l'épaississement"pour augmenter le volume du nuage, l'"attaque"pour déclencher l'averse et enfin le "renforcement"permettant de maintenir l'averse. A chaque étape, des produits chimiques sont dispersés dans l'atmosphère tels que le chlorure de sodium, le chlorure de calcium, l'urée et la glace sèche (du CO2 solidifié). Ces produits se mélangent aux gouttelettes d'eau composant le nuage. Ces gouttelettes grossissent, s'alourdissent et finissent par tomber.

Chacune des étapes a fait isolément l'objet de recherches antérieures, mais le brevet royal est le seul à rassembler les quatre phases ajoutant en plus des variantes, notamment sur la nature des produits utilisés, avec pour objectif de provoquer de la pluie au moment et à l'endroit désirés.
Cette invention "devrait être l'une des technologies les plus accomplies de l'espèce humaine pour surmonter les désastres naturels" et "pour aider le peuple de la Thaïlande", indique le document.

L'année dernière, lors d'opérations de création de pluie, les forces aériennes thaïlandaises avaient effectué 618 vols, soit 770 heures de mission, et déversé pas loin de 900 tonnes de produits chimiques dans le ciel thaïlandais, toujours selon le Bangkok Post. Le quotidien en langue anglaise, indique que le taux de succès de l'opération de fabrication de pluie avait alors été de 85% à 95%.

Par Yann Frantzeskakis vendredi 20 mars 2009

Voir le brevet EP 1491088 "Changement du temps par utilisation de technologie royale pour faire de la pluie"

Une technologie expérimentée depuis les années 60

Les recherches sur la modification du temps remontent aux Etats Unis dans les années soixante. C'est à cette époque que les chercheurs se sont mis à explorer les différentes possibilités de réguler la pluie, éviter la grêle ou dissiper le brouillard en bombardant les nuages de composés chimiques. Les brevets déposés aux Etats-Unis pour ces procédés sont nombreux. L'Etat français en a également déposé un en 1972 pour une technologie permettant d'altérer la composition du nuage afin de favoriser les précipitations, diminuer le brouillard ou encore limiter le risque de grêle (brevet n° 3.896.993). Il existe d'autres brevets dans le même domaine d'application avec l'utilisation des mêmes produits chimiques, de l'iodure d'argent ou des sels hygroscopiques (chlorure de calcium, chlorure de sodium?), mais avec des modes de dispersion différents. Certaines méthodes privilégient le lancement par fusée, d'autres par avion ou encore par satellite. Plusieurs pays ont également effectué des expériences grandeur nature mais sans atteindre les résultats escomptés. Les expériences menées par Israël pendant 20 ans ont par exemple montré que les précipitations des nuages ensemencés ne produisent que 12% de plus d'eau par rapport aux nuages naturels, rapporte LCI. En France l'Association Climatologique de la Moyenne-Garonne et du Sud-Ouest, qui milite pour la reconnaissance de cette technologie, intervient pour ensemencer les nuages dans 14 départements du Sud-Ouest. Plus récemment, la Chine a utilisé des procédés similaires afin de s'assurer que la pluie ne viendrait pas perturber le bon déroulement des JO. Sur ce point, le Chef du Groupe Météorologie Expérimentale et Instrumentale français, Jean-Louis Brenguier, affirme dans un entretien accordé à LCI, que ces projets ne sont pas farfelus, mais qu'aucune recherche à ce jour n'a vraiment permis de démontrer qu'on pouvait augmenter ou diminuer les précipitations ni réduire la grêle. Un groupe de travail au sein de l'Organisation Météorologique Mondiale mène actuellement des recherches scientifiques sur ces procédés.

Y.F. (LPJ - 20/03/2009)

Site de l'Association Climatologique de la Moyenne-Garonne et du Sud-Ouest : http://www.acmg.asso.fr/
Interview LCI de Jean-Louis Brenguier
 

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Publié le 20 mars 2009, mis à jour le 20 avril 2024

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