La pandémie de coronavirus a modifié les comportements de consommation. Les assureurs ne s’en plaignent pas et observent une augmentation de l’assurance santé, même s’ils perdent sur d’autres secteurs.
La crainte du risque sanitaire, l’obligation de complaire à certaines mesures, une certaine prise de conscience, mais aussi la crise économique, sont autant de facteurs qui font que les compagnies d’assurances en Thaïlande ont pu observer des changements auprès de leurs assurés au cours de ces deux dernières années.
Augmentation des assurances santé voyage
Avec la pandémie de SARS-CoV-2, les autorités thaïlandaises ont imposé aux voyageurs et aux personnes entrant en Thaïlande de se munir d’une assurance santé couvrant les frais d’hospitalisation pour le Covid-19 avec, selon les périodes, une variation sur les plafonds de couverture. En effet, au début de la crise, cette couverture minimum était fixée à 100.000 dollars, mais elle a depuis été progressivement abaissée jusqu’à 10.000 dollars, le risque sanitaire ayant diminué tandis que le royaume avait besoin d’attirer de nouveaux les touristes.
“Nous avons vendu davantage d’assurances santé et d’assurances voyages parce que c’était une obligation pour entrer en Thaïlande. Nous avions d’un côté des touristes et de l’autre, des expatriés en résidence en Thaïlande qui revenaient après un séjour dans leur pays”, explique Benoît Cluzeau de la société de courtage Insurance Expats Solutions à Chiang Mai.
Si de nombreuses assurances voyages internationales ont, au fil de la pandémie, inclut la prise en charge hospitalière en cas d’infection au coronavirus, cela n'impliquait pas toujours une couverture en cas d’isolation dans un hôpital ou dans un hôtel spécialisé pour les personnes asymptomatiques.
Dès lors, pour répondre aux spécificités thaïlandaises, les compagnies d’assurances ont également adapté leurs offres. “Nous avons vu la catégorie des assurances voyage s’étoffer ces deux dernières années en fonction des différentes mesures et conditions d’entrées en Thaïlande : quarantaine, ‘sandbox’, ‘Test & Go’ ou ‘Thailand Pass’”, commente Thuyvan Zhang, responsable de la communication chez l’assureur Luma Health Thailand.
Aujourd’hui, alors que les autorités thaïlandaises parlent de supprimer le Thailand Pass au 1er juillet, Les courtiers et assureurs s’attendent à une baisse des ventes d’assurances voyages.
Par contre, ils constatent une prise de conscience chez les expatriés comme les Thaïlandais vis-à-vis de l’importance d’être assuré en cas d’hospitalisation.
Sensibilité accrue à l’intérêt d’avoir une assurance santé
Cette tendance s’explique d’une part par la difficulté accrue voire l’impossibilité de rentrer dans son pays d’origine pour bénéficier de soins. Durant les premiers mois de l’épidémie, la Thaïlande avait fermé ses frontières et seules certaines catégories de personnes étaient autorisées à venir dans le royaume avec une quatorzaine obligatoire dans un hôtel désigné, souvent à grands frais.
D’autre part, entre mars 2020 et novembre 2021, toutes personnes testées positives au coronavirus en Thaïlande étaient placées en quarantaine dans un hôpital, hospitel ou hôpital de campagne, là aussi moyennant des frais substantiels largement dénoncés sur les réseaux sociaux. Face au risque d’avoir à régler des factures exorbitantes, de nombreux expatriés et Thaïlandais ont souscrit une assurance santé.
“Les gens n’ont pas spécialement peur du Covid-19, mais les expats se rendent compte qu’une couverture santé qui comprend au moins l’hospitalisation, est nécessaire. Nous voyons également des Français qui ajoutent sur leur police leur conjoint(e) thaïlandais(e) et leur(s) enfant(s). Cela se faisait moins avant parce que les Thaïlandais peuvent bénéficier de soins à moindre frais”, détaille Thibault Chambert des assurances WR Life.
Benoît Cluzeau constate une augmentation de primo-assurés, en particulier des jeunes, une catégorie de clients qui, avant le Covid-19, s'assuraient assez peu.
Du côté des Thaïlandais, les offres de produits liés au Covid-19 uniquement ont explosé, en particulier lors de la première vague. “Certaines assurances offraient même une compensation financière si vous étiez juste testé positif”, relate Thuyvan Zhang.
“Ces assurances étaient prisées par les personnes avec un budget plus restreint. Aujourd’hui, ce type d’assurance n’est malheureusement plus disponible à la suite de nouvelles régulations. Pour ceux ayant plus de liberté au niveau de leur budget santé, ils n’hésitaient pas à se tourner vers des produits de santé plus élaborés avec de plus larges garanties. Il y a vraiment eu une prise de conscience sur l’importance d’avoir une bonne couverture santé”, ajoute-t-elle.
L’assurance des biens en baisse
A côté de la hausse des ventes d’assurance santé, les compagnies ont également constaté un certain nombre de contrats qui n’étaient pas renouvelés.
“Pour faire des économies, certains de nos clients ont arrêté leur assurance, tandis que d’autres sont rentrés en France parce qu’ils ont perdu leur activité professionnelle ici”, précise Benoît Cluzeau. Le courtier constate également que certains de ses clients sont passés d’une assurance voiture tout risque à une simple assurance routière.
Un phénomène observé par Arawan Namak de Poe-Ma Insurance à Phuket : “certains expatriés ou retraités ont moins de revenus et donc ils suspendent leur assurance habitation par exemple. En 2021, nous avons une augmentation de 60% de nos contrats d’assurance santé tandis que les assurances bateaux/yacht ont diminué de 40%, les assurances habitation ont baissé de 30% et les assurances auto/moto de 20%. L’assurance est le premier budget que l’on coupe pour faire des économies”.