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INCENDIE SANTIKA – Un rescapé français résidant à Bangkok témoigne

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Frédéric BELGE - Depuis le drame, les parents et amis de victimes du Santika ainsi que des habitants du voisinage apportent chaque jour des offrandes pour appaiser et accompagner les esprits des disparus
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 5 janvier 2009, mis à jour le 5 août 2022

Au moins deux Français ont été blessés dans l'incendie de la discothèque Santika qui a fait au moins 63 morts et plus de 200 blessés le soir du réveillon du nouvel an. L'un d'eux raconte comment la fête s'est soudain transformée en horreur et comment il a miraculeusement échappé au piège infernal

La nuit de la Saint Sylvestre devait être un moment de réjouissances pour nombre de Thaïlandais et étrangers qui étaient venus fêter la dernière soirée du célèbre club Santika à Ekamai (Sukhumvit 63). Peu après minuit les festivités ont tourné au drame lorsque le plafond de l'établissement s'est embrasé, apparemment à cause de projections de feu d'artifices sur les surfaces inflammables du plafond ou de la décoration. Le sinistre a pris de vitesse les centaines de clients de l'établissement. Plongés dans le noir absolu, plusieurs dizaines d'entre eux n'ont pu réussir à trouver la sortie à temps. Le bilan est pour l'heure de 63 morts et environ 240 blessés. Quatre-vingt huit blessés sont toujours hospitalisés dont 19 étrangers. Vingt-six d'entre eux se trouvent toujours en soins intensifs.

David Bertay, photographe et réalisateur indépendant vivant à Bangkok est l'un des deux Français hospitalisés après le drame. Installé devant la scène où a eu lieu le spectacle pyrotechnique à l'origine du désastre, il est parvenu à s'extraire du piège infernal après avoir perdu connaissance dans la bousculade. Il a été brulé au 1er et 2e degré aux mains et à la tête, et porte de nombreux hématomes. Il nous raconte sa terrible expérience :

"Quelques minutes après nouvel an on a vu le plafond s'effondrer. En fait le feu s'est déclaré au plafond au milieu de la scène, juste là où moi et mes amis étions attablés. Au début, je n'ai pas du tout réalisé ce qu'il se passait. Je croyais que ça faisait partie du spectacle, jusqu'à ce qu'il y ait des cris, que ça prenne de l'ampleur et que l'on voie des morceaux de plafond commencer à tomber. Les gens commençaient alors à sortir un peu précipitamment mais ce n'était pas la panique générale. Jusqu'à ce moment je n'avais pas l'impression qu'on ne pourrait pas sortir. Puis il y a eu un moment (cela a dû durer entre 1 et 10 secondes) où il y a dû avoir un appel d'air ou quelque chose dans le genre et tout le plafond s'est embrasé. Entre le moment où tout ce plafond s'est embrasé et où la panique générale a gagné tout le monde, une fumée noire et épaisse a commencé à totalement envahir l'endroit, à le rendre quasiment noir. On ne voyait plus rien et en plus toute l'électricité a disjoncté. C'est-à-dire qu'on est passé d'un noir terrible à un noir absolu d'un seul coup."

"Je me suis vu mourir"

"A ce moment là c'était bouché de partout, les gens étaient enchevêtrés, à moitié tombés pour certains, essayant de se déplacer pour d'autres. J'ai perdu mes amis à partir du moment où le plafond s'est embrasé. Je me suis alors mis à essayer de marcher vers la sortie et je suis tombé au niveau de l'escalier qui n'a pas de barre de maintien. A ce moment là il n'y avait plus moyen de respirer. J'inhalais des fumées brûlantes et je me suis évanoui pendant un moment, je ne sais pas trop durant combien de temps. J'ai le souvenir de m'être protégé, de m'être mis en boule et puis de m'être réveillé peu après m'être évanoui pour me rendre compte que j'étais toujours là, toujours dans ce brasier. Ce qui est étrange c'est que pendant que j'étais évanoui je me suis mis à rêver que je n'étais plus dans cet enfer mais sorti de là et que tout allait bien. Et quand je me suis réveillé j'ai vite pris conscience que rien n'allait bien et que j'étais toujours là et que j'allais certainement crever là quoi. Et donc là, d'instinct, je me suis mis à ramper sans trop savoir où j'étais et où j'allais. C'est comme cela que je me suis brulé les mains d'ailleurs, en les posant sur du bois ou du métal en feu jusqu'à ce que quelqu'un me trouve et me tire par les bras pour me déposer à trois ou quatre mètres à l'extérieur de l'entrée.

A ce moment là, pendant 10 minutes j'ai soufflé comme un b?uf pour essayer de trouver de l'air sachant que chaque respiration me brulait.
Je me sens plus que chanceux, je me sens miraculé. Je me suis vraiment vu mourir."

Les amis de David Bertay sont tous sortis indemnes. L'un d'eux s'était réfugié avec six ou sept autres personnes dans les toilettes au sous-sol, alors que la discothèque s'embrasait. Ils ont calfeutré les portes avec des vêtements mouillés et ont attendu environ 40 minutes que les pompiers viennent les sortir de là. Le lendemain de la catastrophe du Santika, un autre lieu de divertissement a brulé sur le soi Cowboy, mais sans faire de victime cette fois, l'incendie s'étant déclaré tard dans la nuit après la fermeture de l'endroit.

Voir aussi des vidéos amateurs du désastre http://www.youtube.com/watch?v=E-d7iaM28BE

Propos recueillis par Frédérick BELGE lundi 5 janvier 2009

Lire aussi : L'incendie le plus meurtrier depuis 12 ans remet en lumière le laxisme ambiant

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