De retour d'une mission d'information en France auprès de PME françaises intéressées par le marché thaïlandais, le directeur de la chambre de commerce franco-thaïe (FTCC), Lucas Boudet, fait le bilan de cette démarche réalisée chaque année, et qui a pris cette année un tour un peu particulier
Lepetitjournal.com - Pouvez-vous nous retracer cette tournée en France dont vous revenez ?
Lucas Boudet - Fin novembre et décembre, nous nous sommes rendus dans neuf villes en France, de Paris à Marseille et de Reims à Caen à la rencontre de PME françaises intéressées par les opportunités offertes par le marché thaïlandais.
Ainsi, nous avons pu assurer des présentations générales du marché et rencontrer plus d'une cinquantaine de sociétés en rendez-vous individuel.
En outre, nous avons également pu organiser des rencontres institutionnelles dont notamment une avec le bureau du Board of Investment thaïlandais (BOI) à Paris.
Cette année, les représentants la chambre de commerce franco-thaïe ont été, pour la première fois, accompagnés par la directrice de la chambre française de commerce au Myanmar, l'AFMA, afin de pouvoir répondre aux éventuelles questions sur la Birmanie. Il est à noter que l'AFMA, a intégré notre fédération, l'UCCIFE, en juin dernier et bénéficie du soutien de la FTCC dans le cadre de son développement.
Quel bilan faites-vous de cette tournée ?
Le bilan est positif. L'intérêt pour la Thaïlande ne se tarit pas. A titre d'exemple, le nombre de journées d'informations sur la Thaïlande organisées par les chambres de commerce et d'industrie (CCI) en France pour lesquelles la FTCC a été sollicitée, a plus que doublé entre 2012 et 2013 passant de 7 à 17 au total. Toutefois, la dimension et la pertinence des projets présentés demeurent assez disparates entre, par exemple, un particulier qui cherche à s'expatrier en Thaïlande ou un grand groupe qui recherche un master franchisé.
Notre rôle est d'inviter les plus petits entrepreneurs à bien mûrir leur projet afin de leur éviter de mauvaises surprises, et, pour les autres, leur permettre, via notre réseau de membres et nos prestations, de trouver le bon partenaire en Thaïlande ou, plus généralement, leur donner le petit "coup de pouce" qui leur permettra de "transformer l'essai".
Lucas Boudet et Patcharee Urairat (à gauche) en rendez-vous à la CCI de Reims en novembre (photo courtoisie)
De quel type sont ces entreprises françaises qui s'intéressent à la Thaïlande et à quels secteurs d'activité appartiennent-elles ?
Il est impossible de dresser une typologie tant la variété des sociétés rencontrées est importante.
En termes de secteur, je peux citer les suivants afin d'illustrer cette diversité: éducation, radiodiffusion, énergie, bâtiment, logiciels, automobile, agroalimentaire, pharmaceutique, joaillerie, services aux personnes, distribution, etc.
Concernant la taille des entreprises rencontrées, la répartition est plus concentrée. Sur les rendez-vous individuels organisés en 2013 jusqu'à ce jour - notre responsable du service d'appui aux entreprises pour les sociétés françaises étant encore en France pour assurer des entretiens individuels et ces chiffres étant fortement variables d'une année sur l'autre - il ressort que les trois quarts de nos contacts sont des sociétés de taille intermédiaire, les grands groupes représentant 10% des rendez-vous et les TPE 15%.
S'agit-il plus de délocalisation ou d'implantation à l'étranger ?
Ces premiers rendez-vous se focalisent davantage sur des questions commerciales que sur des problématiques d'implantation. Les projets d'implantation sont l'aboutissement d'un processus de réflexion qui, une fois mené, dirige nos interlocuteurs directement vers la FTCC ou ses partenaires en Thaïlande sans passer par la case "journée d'information" organisée par les CCI de France. Avec quelques exceptions toutefois car nous avons pu évoquer plusieurs projets de franchise ou d'ouverture de points de vente en propre. Peut-être verrez-vous prochainement des nouvelles enseignes françaises en Thaïlande?
Les questions commerciales représentent la majorité des requêtes: il s'agit principalement de la recherche de nouveaux clients ou de fournisseurs en Thaïlande.
Quelles raisons invoquent-elles ?
Les motivations sont multiples : recherche de nouvelles parts de marché - souvent perdues en Europe d'ailleurs -, suivi d'un client en Thaïlande, diversification des fournisseurs, motivations personnelles, renforcement d'un courant d'affaires existant ou ponctuel.
Quelles sont les questions qui reviennent le plus souvent de la part de ces entreprises vis-à-vis de la Thaïlande, leurs attentes, leurs craintes ?
Parmi les questions les plus souvent posées revient celle de l'impact que peut avoir l'instabilité politique sur la vie des affaires, indépendamment des événements récents. Les opportunités du marché ou encore les barrières douanières constituent également des thèmes récurrents. On relève la relative méconnaissance, en amont, du cadre des affaires en Thaïlande d'où la pertinence de ces journées d'informations.
Quel est l'intérêt de cette prospection pour la chambre et ses membres ?
L'intérêt est double.
Direct, d'une part, si je me réfère aux articles 3.1 et 3.2 nos statuts qui stipulent respectivement que "l'objectif de la chambre est de promouvoir le commerce et l'investissement bilatéral entre la France et la Thaïlande" et "soutenir les initiatives commerciales et sociétés françaises en Thaïlande et thaïlandaises en France". Ce genre de mission présente d'autre part un intérêt indirect, car en favorisant l'arrivée de nouvelles sociétés sur le territoire nous contribuons, à terme, à renforcer la communauté des sociétés françaises implantées. C'est-à-dire accroître son poids relatif, pertinent quand il s'agit de défendre ses intérêts vis-à-vis de tiers et, de surcroît, mécaniquement démultiplier les opportunités d'affaires au sein de cette communauté.
Quid des entreprises thaïlandaises vers la France ?
Concernant les services aux entreprises thaïlandaises en France, il s'agit de l'un de nos axes de développement fort. D'autres actions telles que les activités de Promosalons (promotion des salons français auprès des visiteurs et exposants thaïs) donnent lieu annuellement à environ trois déplacements spécifiques en France mais, en l'espèce, ceux-ci sortent du cadre de la tournée que je viens d'évoquer dont l'objectif était exclusivement le sens France vers la Thaïlande quoique les demandes de sourcing ne sont pas pour déplaire à nos sociétés adhérentes et partenaires thaïlandais?
Voir aussi le site Internet de la FTCC
Propos recueillis par Pierre QUEFFELEC (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mardi 17 décembre 2013