Si l’on se penche sur la création cinématographique, l’Andalousie entretient depuis des décennies des liens étroits avec le cinéma et l’industrie cinématographique. En 2019, le prix Goya du meilleur acteur était décerné à l’acteur malaguène Antonio De la Torre pour son interprétation d’homme politique influent et corrompu dans El Reino, du réalisateur Rodrigo Sorogoyen. Cette même année, Antonio Banderas, l’enfant chéri de Malaga, recevait le prix d’interprétation masculine du Festival de Cannes pour son premier rôle dans Douleur et Gloire de Pedro Almodóvar. Jetons un coup de projecteur donc sur le 7e art en Andalousie !
Les “Rutas de cine”
Fortes d’un riche patrimoine cinématographique, la Junta de Andalucía et la Andalucía Film Commission se sont associées pour mettre en valeur des lieux emblématiques de l’histoire du cinéma mondial situés en Andalousie. Elles proposent de s’adonner au « tourisme cinématographique », le long des « routes du cinéma ».
La palme d’or à… la province d’Alméria
La palme d’or revient ici à la province d’Alméria dont les spectaculaires paysages, qui ne sont pas sans rappeler les plaines et les reliefs du Texas aride, ont fourni depuis les années 1940 des décors idéaux à pléthore de westerns, films d’aventure ou de science-fiction.
Dans les plaines du désert de Tabernas, on croisera les fantômes de David Lean et des acteurs de Lawrence d’Arabie (1962) ; on ne manquera pas de visiter Fort Bravo, haut-lieu du western spaghetti où furent tournés des dizaines de longs métrages célèbres tels Le Bon, la Brute et le Truand (1966) ou encore Il était une fois dans l’Ouest (1968) de Sergio Leone...
On se souviendra aussi de Sean Connery en James Bond, dans Jamais plus jamais (1983) ou en médiéviste érudit dans Indiana Jones et la Dernière Croisade (1989). En 2018, Jacques Audiard choisissait ces paysages improbables pour tourner Les Frères Sisters.
Ce succès a décidé l'Académie européenne du cinéma (EFA) à décerner à ce désert andalou le titre de "Trésor de la culture cinématographique européenne". Avec ce titre, le 12ème décerné à une région, l'EFA souhaite sensibiliser le public à des lieux qui symbolisent le cinéma européen. Plus de 300 films ont été tourné à Tabernas depuis les années 50, dont les célèbres “westerns spaghettis”, un lieu où se sont croisés Eli Wallach, Lee Van Cleef, Klaus Kinski, Gian Maria Volonté et tant d’autres dont, bien sur, l’immense Clint Eastwood, qui vient de fêter ses 90 printemps!
Almeria et au delà
Au-delà d’Alméria, toutes les provinces d’Andalousie ont inspiré les réalisateurs. On retrouvera la piste de 007 sur les plages de Cadix dans Meurs un autre jour (2002), avec Pierce Brosnan et Halle Berry.
Les fans de La Guerre des étoiles pourront se rendre sur la fameuse Plaza de España de Séville, pour revivre quelques scènes de L’Attaque des clones (2002).
Plus récemment, l’Alcazar de Séville, le château d’Almodóvar del Río ou encore le pont romain de Cordoue ont donné forme aux lieux imaginaires de la série mondialement célèbre Games of Thrones. Il y a tant et tant de titres!
Une industrie culturelle dynamique
Gros plan sur Malaga qui, depuis la fin des années 1990, a su se positionner en tant que scène incontournable de la création cinématographique.
Le cinéma européen à Malaga
Depuis 1994, la ville peut en effet s’enorgueillir d’accueillir le Festival du cinéma français, événement majeur de la scène culturelle francophone en Espagne, lequel a pu voir le jour grâce aux efforts du réseau culturel français, festival qui a ouvert la voie au cinéma italien et allemand qui ont, eux aussi, leur programmation dans l’incontournable Ciné Albeniz qui propose de nombreux films européens grace a son accord avec Cineuropa qui propose le meilleur du cinéma de l’Europe.
Le Festival de Malaga...et Antonio Banderas!
Par ailleurs, le 29 mai 1998, Francisco de la Torre, le maire de Malaga, féru de culture, inaugurait le premier Festival de Malaga, qui décerne chaque printemps ses « Biznagas », du nom des bouquets de jasmin andalous, à des courts et longs métrages en langue espagnole. Le festival, qui s’adresse également largement aux professionnels du secteur (rencontres professionnelles, tables rondes, subventions et aides à la création, etc.), transforme chaque année Malaga en plateforme de l’industrie cinématographique hispanique pendant quelques semaines.
En cette année 2020 très spéciale, le Festival de Malaga se tiendra du 21 au 30 août, si les conditions sanitaires le permettent bien entendu.
Juan Antonio Vigar, Directeur du Festival de Malaga:
Du 21 au 30 août, nous allons faire un festival convivial, sûr et participatif, dans lequel le cinéma prendra le pas sur l'événement social
Le film La Boda de Rosa de Icíar Bollain, avec de grands acteurs dont Candela Pena et Sergi Lopez ouvrira cette 23eme édition tant attendue.
Enfin, l’icône andalouse Antonio Banderas, formé à l’École d’Art dramatique de Malaga (ESAD) est devenu, depuis sa première interprétation de Zorro en 1998, la figure hollywoodienne par excellence du latin lover aux yeux de braise.
Véritable ambassadeur de l’Andalousie, il a aussi démontré sa volonté de donner un coup de fouet à la scène culturelle locale et internationale avec l’ouverture de son Teatro Soho CaixaBank en 2019.
Une sphère du 7e Art en Andalousie
D’autres organisations andalouses dynamisent la création audiovisuelle régionale : l’AAMMA (Asociación andaluza de Mujeres de los medios audiovisuales), engagée auprès des femmes du secteur et qui vient de s’enorgueillir de la sélection par le prestigieux Festival de Cannes du film “Alegria” création de deux Malaguenas Isabel Sánchez et Violeta Salama; ou encore la PAA (Plataforma del Audiovisual Andaluz), créée en avril 2020 pour faire face à la situation exceptionnelle due à la pandémie. Quant au Malaga Film Office, il œuvre au développement de la région de Malaga comme lieu de tournage reconnu à l’échelle internationale.
Culture Andalouse et cinéma
Ce tour d’horizon des liens entre Andalousie et cinéma s’enrichirait de l’évocation de nombreux films dont le sujet s’enracine dans la culture andalouse, au nombre desquels Noces de sang (1981) Carmen (1983) ou L’Amour Sorcier (1986) du grand Carlos Saura.
Il faudrait aussi parler de la vie incroyable de Margarita Carmen Cansino, plus connue sous le nom de Rita Hayworth, qui commença sa carrière comme danseuse de flamenco dans la troupe de son père, d’origine sévillane…
Et pourquoi ne pas faire un zoom arrière et visiter l’Espagne entière à travers son foisonnant cinéma comme le suggère le Portail du Tourisme espagnol ?